La nature donne, mon corps rejette...
Mes chères copinautes, j’ai longtemps hésité à revenir sur la blogosphère.
Le trop plein de tristesse, de larmes, de manque de confiance en moi (et en mon corps) m’avaient obligés à faire une pause suite à mon dernier échec de FIV#3. Cette pause m’a été nécessaire pour me reconstruire, me retrouver avec mon mari, retrouver la confiance, la joie et la simplicité d’avoir tous ces petits bonheurs quotidiens que je ne voyais plus.
J’ai donc décidé de bien souffler, et surtout de me remettre en forme, de lâcher prise par rapport à la PMA et tous ces traitements de protocole. Ce n’est pas pour autant que j’ai arrêté mon toco 500, la pentoxifilline et la DHEA et d’envisager une opération des amygdales en avril puis la FIV 4 en juin.
Mais ce « programme » a pris une tout autre tournure. Professionnellement, j’en ai eu tellement marre que fin mars j’ai décidé de bénéficier des offres de mobilité interne pour pouvoir changer de service. J’ai donc refait mon CV, passé des entretiens avec la RH de mon entreprise, puis postulé sur 2 postes qui m’intéressaient beaucoup.
En parallèle, je suis allée voir mon ORL pour envisager une opération des amygdales car la biologiste de la clinique PMA où je suis suivie m’avais dit que « peut-être » les amygdales pouvaient être la cause de mes fausses couches à répétition (trop d’anticorps ?). Diagnostiqué, bien entendu, par rapport à tous mes examens médicaux depuis ces 5 dernières années.
L’opération avait été programmée le 15 avril. Un peu stressée, mais étant en pause PMA, je ne me posais pas de questions, cela ne pouvait être que bénéfique : plus d’angines à répétition, et une « potentielle » cause de FC évincée.
Cette opération a dû être annulée.
Je suis tombée enceinte. Naturellement. J’ai fait un test le 10 avril, après 10 jours de retard de règles. Je n’ai eu AUCUN symptôme de grossesse. Logiquement je suis assez régulière dans mes cycles et vu que la DDR était le 03/03 j’aurai du avoir mes règles vers le 1er avril. A chaque fois je me disais que cela allait arriver car mes maux de ventre pré-menstruel se sont fait sentir vers le 03/04, puis la grosse migraine qui arrive chez moi quelques jours avant les règles. Puis plus rien…
Le jour où j’ai fait mon test de grossesse, je n’y croyais pas. Déjà parce que je ne sentais rien (pas de seins douloureux, ni lourds, ni sensibles, pas de douleurs pelviennes, pas de fatigue, pas d’envie de faire pipi toutes les 4 secondes…) et parce que je ne pensais absolument pas que mon endomètre pourri puisse accueillir un embryon.
Alors ce sentiment d’angoisse m’a envailli tout de suite : et si je faisais une grossesse extra-utérine ? un œuf clair ?
Vite une prise de sang. L’angoisse de l’attente du résultat. Puis la joie du résultat : j’étais à 3200 ui ! Un bon taux pour 6 SA. Appel à mon gynéco. Prise en RDV pour le 16/04. Re-angoisse, la grossesse est-elle bien placée ?
Oui, elle l’est. L’œuf est là, un embryon est visible avec la vésicule vitelline et un mini point commence à battre, c’est le cœur. Quel soulagement ! Mais nous savons que ce n’est que le début.
Je ne sens toujours rien. Un RDV est reprogrammé 2 semaines après. Toujours l’angoisse, mais soulagement ensuite : l’embryon a grossi ! On voit bien le cœur battre ! Mon mari et moi avons les yeux rivés sur l’écran. On pourrait même y rester des heures à regarder ce petit cœur clignotant.
Cette fois un RDV est reprogrammé 2 semaines après pour une échographie de datation à 10SA. Le 6 mai. L’embryon fait 20mm. Mais cette fois le cœur n’y est plus. Ce petit cœur s’est arrêté. Encore une fois mon corps n’a pas su accepter cette grossesse. La tristesse est d’autant plus grande. C’est ma 8ème grossesse, ma 5ème GNE (enfin je crois car je ne les compte plus). Je suis si désespérée… Ce même jour, j’apprends que je suis prise sur l’un des postes sur lesquels j’avais postulé. Une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle le même jour. J’aurai préféré l’inverse, même si je suis très contente d’apprendre mon changement de poste.
Et pourquoi la grossesse s’arrête? Mon endomètre, toujours lui. Trop fin il provoque un défaut de placentation (le placenta a du mal à se mettre en place). Toujours entre les 6sa et 9sa.
Et la suite ? on attend l’expulsion « naturelle » (si celle-ci arrive), sachant que chez moi c’est pas gagné. RDV 1 semaine après pour voir l’évolution. Une semaine difficile : beaucoup de mauvais symptômes comme maux de ventre, de dos, des migraines, des changements d’humeur… la fausse couche qui commence avec la baisse des hormones. Une expulsion incomplète, quelques pertes de débris placentaires puis plus rien.
Chez le gynéco, écho pour vérifier : l’œuf est toujours là, l’embryon aussi. Le gynéco nous propose d’en finir. Il sait que cela ne partira pas naturellement, il me connait. Il nous propose un curetage « spécial » rien que pour moi, pour éviter d’avoir encore à faire un geste dit à « l’aveugle » sur un utérus aussi abîmé que le mien. Ce serait un curetage à 4 mains sous contrôle échographique, avec un autre de ces collègues spécialiste en hystéroscopie.
L’intervention est prévue pour le 13 mai, avec ces 2 médecins. Et si ils constatent que le curetage n’est pas approprié, ils pourront décider de pratiquer l’hystéroscopie pour enlever avec précaution ce petit embryon sans vie.
Constatant par ailleurs que les interventions provoquent chez moi le retour des synéchies, mon médecin me propose de porter un stérilet, le temps de la cicatrisation et pour éviter que les parois utérines se collent. Si c’est pour éviter une nouvelle hystéro pour la levée de synéchies, j’accepte.
Ce 13 mai, je sors de la clinique, le ventre vide de la vie que je portais il y avait encore quelques semaines, remplacée par un stérilet.
C’est fini.
D’après l’autre médecin qui était présent à mon curetage, mon endomètre serait la cause de ce défaut de placentation. Et ce même défaut serait aussi la cause de mon hellp syndrome d’il y a 5 ans et de toutes mes autres grossesses non évolutives. Le seul traitement que je pourrai essayer de nouveau, c’est de prendre le toco, la pento, et le provames par voie vaginale sur une période de 4 à 6 mois et voir si mon endomètre s’épaissit. S’il ne s’épaissit pas mon utérus ne pourra jamais porter d’enfant. A la question, est-ce que je pourrai avoir un jour une grossesse à terme ?, mon gyéco nous répond que mon corps est comme ça, je suis faite comme ça, tout est possible avec moi, sinon il faut envisager l’adoption.
Grosse déprime. Je passe les jours suivants à pleurer. Je n’arrive pas à surmonter la grosse fatigue que je ressens.
Le 18 mai, la fatigue est tellement intense que je me pose des questions. Je ne suis pas bien. Mal de ventre, baisse des hormones, maux de têtes énormes. Le lendemain, impossible de sortir du lit. Et j’ai mal, très mal. J’appelle mon gynéco en urgence. Je lui demande un RDV express dans l’après-midi même. Je m’intercale entre 2 RDV. Mon corps rejette le stérilet, et me provoque des contractions. Mon gynéco sait que je ne chipote pas, il décide de me l’enlever. C’est la délivrance. J’en pleure de soulagement.
Après ce mois de mai pourri, je reprends le boulot physiquement et moralement épuisée. Heureusement, mon changement de poste me donne un peu de motivation.